OUT change, tout bouge. Le progrès a le mors aux dents- Pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes techniques. Prenez l’automobile. Elle est devenue un fléau dans notre monde occidental. Elle pollue l’air, fait infiniment plus de victimes à elle seule que tous les autres moyens de transport réunis et elle coûte cher. Non seulement a ceux qui l’acquièrent et la font rouler, mais au Trésor public, contraint l’entretenir un réseau routier pléthorique et de construire en toute hâte des kilomètres d’autoroutes qui, aussitôt achevées, sont déjà insuffisantes. Nos villes sont éventrées, défigurées par les voies de pénétration rapide et les parkings monstrueux. Les citadins étouffent. Chaque jour, d’énormes embouteillages bloquent les usagers des heures de pointe. El pourtant, il y a chaque jour davantage de voitures en circulation. A l’heure ou presque tout le monde est motorisé, il n’est plus rare de voir des ménages possédant deux, voire trois voitures. Le temps viendra — et plus tôt que d’aucuns le pensent — où tout le système routier sera bloqué. Où toute circulation sera impossible…
UTOROUTES urbaines, zones bleues, parkings de dissuasion, sens uniques et limitations de vitesse ne sont que des palliatifs. Il n’exista qu’un moyen, un seul, d’éviter embolie du réseau routier : la suppression de la voiture particulière et le retour à l’utilisation généralisée des transports en commun. Cela, il y a longtemps que les experts le savent. El savent qu’il faudra, un jour, s’y décider.
De leur côté, les industriels ne restent pas inactifs. Tandis que tes ingénieurs s’évertuent à rendre la voiture de plus en plus perfectionnée et bon marché, d’autres bureaux d’études se penchent sur ce que sera le véhicule de demain. L’aviation n’est pas la seule à avoir connu un développement spectaculaire, lent dans le perfectionnement des appareils que dans l’accroissement du trafic Les chemins de fer, qui finiraient en décadence, semblent reprendre du poil de la bête grâce aux rapides confortables et à diverses innovations, comme l’Aéro-train et le Turbo-train. La puissance de traction actuelle est telle qu’on ne pense plus en taux de pente, mais en rayon de courbe. Alors qu’on n’a pas cesse de supprimer des lignes depuis la guerre, voilà qu’on se met a en créer de nouvelles, comme Paris-Lyon, par exemple. C’est bon signe.
Beaucoup de villes creusent des réseaux métropolitains; celles qui en possédaient déjà — souvent depuis le siècle dernier — modernisent leur matériel et créent de nouvelles lignes…
Un compromis.
Tous ces progrès, aussi spectaculaires soient-ils, ne réussissent pas — et ne réussiront pas — à résorber un trafic automobile qui s’enfle de plus en plus démesurément et court vers sa propre perte pour cause de prolifération.
II existera toujours, certes, des véhicules particuliers. Médecins, dépanneurs en tous genres, pompiers, ambulanciers, policiers et informateurs — pour ne citer que ceux-là — devront par définition conserver leur liberté de circulation On peut par contre prévoir la suppression des transports routiers aux longs cours et, parallèlement, la subsistance d’un indispensable et important service local de distribution de marchandises. II est possible que certains produits soient d’ailleurs bientôt acheminés par transporteurs à bandes roulantes, par circuits pneumatiques ou par de vulgaires conduites. On peut aisément imaginer que toute la distribution des hydrocarbures se fasse à l’aide d’oléoducs se ramifiant en conduites particulières. On le fait bien pour le gaz et pour l’eau…
Reste l’usage privé, qui sera tôt ou tard débarrassé de sa voiture personnelle, qu’il soit représentant, travailleur allant et revenant de son lieu d’occupation, ou simple promeneur du dimanche. Qu’il se rassure, on pense à lui.
Il bénéficiera tout d’abord — et dans un temps pas très lointain de puissants moyens de communication à côté desquels l’unique système actuellement répandu, le téléphone, semblera tout à coup préhistorique. Grâce au vidéo-téléphone, de nombreuses professions pour lesquelles un contact visuel est nécessaire, deviendront sédentaires, ou presque. La plupart des représentants pourront travailler à domicile ou au siège de l’entreprise. Grâce au terminal d’ordinateur, la plupart des démarches si nombreuses de la vie courante pourront se faire d’un fauteuil. Plus besoin de passer à la banque, au bureau des contributions, au centre d’achats. Du moins, plus aussi souvent. L’ère du pousse-bouton se dessine et révolutionnera notre vie beaucoup plus tôt que nous le pensons.
N’empêche qu’il faudra toujours se déplacer. La grande majorité des automobilistes d’aujourd’hui sera-t-elle condamnée à utiliser exclusivement les transports en commun… ou les taxis? II semble que non. Car quelles que soient les améliorations que connaîtront les réseaux publics, ils n’auront jamais ni la fréquence ou la souplesse voulues pour répondre à tous les besoins. La solution de l’avenir doit prévoir un compromis entre le véhicule individuel que nous connaissons — et dont la plupart des utilisateurs ne se servent qu’une heure ou deux par jour en moyenne, et souvent même beaucoup moins — et la facilité des déplacements individuels.
Un commentaire
Hallberg
Le système MBB, destiné à la réalisation de courtes lignes urbaines ou suburbaines, de type ville-aéroport notamment, a connu une application sous la forme d’une ligne expérimentale, à Berlin, sur la Potsdamer Platz dans les années 1980, à l’époque où cet endroit était un vaste terrain vague. de nos jours, la reconstruction totale du quartier en a effacé toutes les traces visibles.
En Allemagne, comme je l’ai signalé dans le forum, un autre train magnétique, le Transrapid, est toujours en essais actuellement malgré l’abandon du projet de la ligne Berlin-Hambourg, et du coup, je vous promets quelques photos de la campagne d’essais actuelle et un petit article sur la question!