Solaris
pas honnête. Le mystère de l’avion disparu prend le pas sur le but recherché par les britanniques. D’ailleurs, après, elle détruit les documents pour n’en garder que les microfilms.
D’ailleurs là, elle s’arroge le droit de décider de la justice.
Non. On le lui avait demandé; elle avait reçu le matériel pour les détruire après avoir pris les microfilms.
Mais elle décide de ne pas donner aux anglais le journal intime de Smith.
Oui, parce qu’elle dit que ça lui appartient. Ce journal l’a touchée, alors elle dit que c’est à lui de décider s’il faut le rendre public. Au fond, là-dedans les documents ne l’intéressent pas. Elle réalise son objectif parce qu’elle veut avoir un moyen de pression sur les Anglais pour aider cet homme à sortir l’avion du cratère.
Il y a d’autres instances où elle court-circuite les chemins officiels de la justice comme dans L’ORGUE DU DIABLE à la fin, c’est elle qui dit que l’on va maintenir la thèse du suicide du père d’Ingrid.
Là, elle est plus près de son amie. Ce n’est pas une question de justice; elle pense que l’on ne doit pas faire ça. En fait, je crois que c’est parce que je ne donne peut-être pas assez de personnalité à Vic et à Pol qui pourraient décider; ce n’est pas facile parce que le fil conducteur, c’est Yoko et bien souvent ils sont des personnages secondaires.
Pol en particulier, semble souvent n’être là que pour détendre l’atmosphère, pour apporter des touches d’humour. On se demande souvent ce qu’il fait là.
C’est-à-dire qu’au départ ils étaient tout à fait structurés dans leurs rôles, mais quand ils travaillent à la télévision. J’espère pouvoir un jour faire une histoire qui commence ici à Québec et je commencerai donc avec la télévision. Donc elle est ici pour une émission de télévision, pourquoi pas dans le cadre du Salon du Livre de Québec? Puis elle sort et il y a une petite aventure qui lui arrive à ce moment-là qui peut être très amusante.
La plupart des vos histoires, sinon toutes à l’exception des courts récits, se basent sur des événements qui se sont déroulés il y a très longtemps. Le passé est très important chez Yoko; déjà dans le premier, l’arrivée des Vinéens remonte à plusieurs millions d’années, dans le dernier c’est une malédiction antérieure, dans LA SPIRALE DU TEMPS ce sont les recherches japonaises sur l’anti-matière datant de la deuxième guerre mondiale. Le passé est-il très important pour vous ?
C’est-à-dire que ça dépend à quelle profondeur il se situe; mais il faut due que dans toute action, même policière, on a les bases, les éléments qui se sont déroulés dans le passé. Mais je comprends ce que vous voulez dire. que c’est un passé déjà assez ancien. Parce que les choses qui sont inexpliquées doivent être assez lointaines; si je dis qu’elles sont inexpliquées et qu’elles se sont passées avant-hier, c’est un peu stupide: “Quoi, on n’a pas fait d’enquête?”. Sauf certains éléments soudains…
Je prends le cas des ARCHANGES DE VINEA. Un jour, sur Vinéa 500,000 enfants ont disparu et on ne sait pas où ils sont partis. Ils sont partis pour une ville assez spéciale. On retrouve un jour un enfant et on découvre la ville, qui est engloutie. C’est le passé qui est une erreur . Souvent pour moi, c’est le passé qui est la source de l’erreur, le présent la découvre et la futur va la réparer.
C’est l’héritage du passé que vos personnages doivent corriger.
Je crois qu’on a un peu tous ça en nous. On porte la malédiction de nos erreurs, de celles de nos ancêtres et le jour où nous le réalisons, nous décidons de la transposer |
mais nous ne savons pas évidemment si nous allons réussir à modifier cela.
Vos personnages ont la responsabilité du passé, et en même temps…
Il leur incombe la faute des autres et alors ils essaient de corriger au présent pour le futur, qui n’est pas toujours dans les albums. Parce que le futur, quand l’action se déroule, le futur est présent quoi. Donc c’est un thème qui revient effectivement chez moi.
La responsabilité et la culpabilité des personnages sont très importantes à ce point de vue. Dans LA FRONTIERE DE LA VIE, Eva dit à Yoko, qui vient de radiographier un cercueil qu’elle a fait exhumer, “Maintenant que ta faute égale la mienne, maintenant nous pouvons oeuvrer ensemble”.
Oui, elle a laissé faire Yoko parce qu’elle se sent coupable de ce qu’elle a fait. Sinon Yoko était toute blanche et elle attend que Yoko ait fait sa faute. C’est une façon de mettre le personnage avec soi. Alors elle reçoit en échange l’amitié de Yoko. J’ai bâti ça sur le thème d’un concerto. On a la vampire qui donne le thème du soliste et derrière on a toute l’orchestration. L’image du vampire ce sont toutes les variations. On parle d’un vampire qui est menaçant, la vampire méchante. Et tout doucement, la vampire est affolée, inquiète. Elle représente l’image de la mort et soudainement tout bascule pour le deuxième mouvement; la vampire se révèle être une jeune et jolie femme. La Mort est une jeune femme et tout prend une autre tournure; on bascule, c’est une inversion. Et dans le deuxième mouvement, c’est Yoko qui reprend le thème du soliste, pour revenir après, lorsque Yoko meurt presque, à la vampire, d’une toute autre manière. Je reprends le thème d’Eva qui orbite autour de Yoko, inquiète parce que tout ce qui s’est passé c’est à cause d’elle. Et c’est elle qui sauve la vie de Yoko. J’ai tué mon héroïne quelques secondes pour lui faire dire quelque chose, un message; c’est qu’on court après des chimères et vivre c’est déjà merveilleux. Qu’on vive c’est déjà quelque chose.
D’ailleurs Yoko tient la main de Magda (la petite fille) et dit qu’elle a découvert quelque chose de merveilleux, la vie.
En effet, c’est ça.
On parlait du passé. Votre héroïne est japonaise et le Japon est un pays riche en traditions; quand elle retourne au Japon, le passé de son pays resurgit aussi.
Oui, mais là c’est très important. J’ai voulu typer Yoko très Japonaise. J’ai des amies japonaises que je connais bien; le passé est très important. La vie de famille, les ancêtres, tout ça, on ne rigole pas avec. Et les erreurs du passé on doit les réparer; c’est très traditionnel, évidemment. Il ne fallait pas faire de fautes avec Yoko. J’ai été très heureux |
8 commentaires
Cherrydean
Ça doit être assomant de faire une entrevue comme celle-là .
Bien heureuse que le charme de l’archange n’ait pas été plus fort que ça sur Yoko, je n’aurais pas apprécié autant ce volume.
C’est drôle de lire ça des années plus tard (en 82, je n’avais qu’un an). On voit que M. Leloup a changé d’idées parfois avec le temps, comme de ne pas refaire un personnage comme Monya, à cause de son âge. Emilia a le même âge.
petrushka
Hé! oui, Cherrydean on change parfois avec le temps et les ans qui passent… Roger a vu grandir ses petits enfants…Et moi, pouf! je suis là!… Mais pas pour vieillir Yoko mais l’emmener un rien dans mes dialogues plus effrontés et apporter parfois plus de piment à ses réponses. N’oubliez pas que j’étais une héroïne qui devait jouer en solo à une époque différante… J’ai réussi à ce que Roger ne puisse plus se passer de me faire vivre et à ce qu’il me fasse partager l’aventure avec Yoko..; Mais je ne lui volerai pas la vedette… Promis!…
Quant à l’interview… Bigre!… Elle avait duré une demi journée et le journaliste (très au courant) a tout repris de ce qu’il avait enregistré… Vous avez de quoi lire… et juger! C’est très fidèle!
Bises à tout le monde
Emilia
yoko452
[]
[surlign]C’est vrai que cet interview est très longue! Mais on y apprend beaucoup de chose, seulement au début ce qui m’énerve un peu c’est qu’il parle beaucoup de sa collaboration avec Hergé et de ses dessin dans TinTin ! J’aime bien TITIN mais je préfère mieux Yoko et quand on lit un interview sur Roger Leloup, on a envie qu’il nous parle de sa propre BD! ( du moins c’est ce que je pense!!!)…
Il dit aussi qu’il a fait évolué les dessins des personnages au fil des BD, c’est ce que j’avais aussi remarqué et je me demendai justement pourquoi cela ? Maintenant je suis contente d’avoir trouver la réponse, il est vrai que je n’aimais pas trop le côté caricatural de YOko et des autres personnages, ce n’était pas réel, trop comique comme le dit Roger Leloup et il est vrai que Yoko et ses histoires ne sont pas dans l’univers comique, c’est plutôt sérieux, on le voit bien avec les décors qui sont hyper réalistes, les engins, les chateau
, etc…[/surlign]
[/taille]
Gobol
Je suis très heureuse d’avoir pu lire cette interview… effectivement très longue, mais très dense aussi, avec beaucoup d’informations fort intéressantes ! J’ai été surprise qu’Ulysse 31 y soit mentionné. Je n’avais jamais fait le rapprochement, et pour bien connaître cette série de SF, à part la petite Thémis à la peau bleue et au transmetteur de pensée qui ressemble effectivement beaucoup à Poky (sauf les cheveux, qu’elle a blancs et courts), je ne vois pas tant de points communs que ça avec l’univers Vinéen créé par Roger Leloup… Peut-être suis-je trop attachée à ce dessin animé ? J’avoue que j’ai une affection particulière pour cette série, et que Noémi aime beaucoup aussi… S’il y a plagiat en ce qui concerne Thémis, c’est vrai que ce n’est pas très honnête, effectivement… Mais en ce qui concerne l’environnement, le monde créé par Roger est bien plus “fouillé”, bien plus travaillé que ceux qu’on rencontre dans Ulysse, qui ne fait que “passer” dans ces différents mondes, la plupart du temps. Je crois que Roger faisait aussi cette remarque à propos de l’architecture de la ville de Shyrâ, et j’avoue que je n’ai pas retrouvé vraiment d’équivalent dans Ulysse 31 (mais peut-être ne suis-je pas assez critique ?). Allez, une fois de plus, c’est trop long pour un commentaire… alors que le problème que je soulève n’apparaît que sur une toute petite partie de cette interview… Désolée !
Hallberg
Travail bien fait où le journaliste ne pousse pas, comme c’est trop souvent le cas, la personne interroger à aller trop vite et à schématiser, et où il ne cherche pas à le mettre mal à l’aise pour lui tirer les vers du nez.
Je suis souvent critique par rapport au journalisme et en particulier à l’exercice forcé de l’interview, mais je trouve que la façon de faire, ici, est exemplaire.
frac
Ouf, quelle lecture ! ça m’a pris du temps mais je ne regrette pas, c’est passionnant. Je suis d’accord avec les commentaires ci-dessus et apprécie que l’interview soit très complète, pas seulement un petit paragraphe perdu où l’auteur ne parle que pour ceux qui ne connaissent pas encore Yoko.
Moi aussi j’ai été surpris de voir mentionner Ulysse 31 mais comme chez moi, à l’époque, il n’y avait que la télé en noir et blanc, je n’ai jamais su qu’il y avait une “petite fille à peau bleue” !!!
Ma seule vraie remarque est une question (qui n’appelle pas vraiment de réponse) : quel guignol ignard et inculte peut-il réellement reprocher à Yoko de faire de la philosophie ? Non seulement c’est la culture japonaise (pour le peu que j’en connais) et ce peuple dépasse toujours le côté matérialiste, me semble-t-il (même s’ils sont “excellent” dans ce domaine aussi), mais aussi c’est une des richesses du personnage. Pas de sentiments, pas de philo, que de l’aventure, que reste-t-il de Yoko ? Plus rien d’intéressant, oserais-je dire. On retrouverai un Buck Danny (dont je suis fan), dont la seule émotion est, environ deux ou trois fois par album “cette fois, c’est la fin, je vais mourir”.
frac (suite après)
Toute se vie, l’homme perd sa santé à faire de l’argent et par la suite perd tout son argent pour essayer de la recouvrer…
frac
Ouf, quelle lecture ! ça m’a pris du temps mais je ne regrette pas, c’est passionnant. Je suis d’accord avec les commentaires ci-dessus et apprécie que l’interview soit très complète, pas seulement un petit paragraphe perdu où l’auteur ne parle que pour ceux qui ne connaissent pas encore Yoko.
Moi aussi j’ai été surpris de voir mentionner Ulysse 31 mais comme chez moi, à l’époque, il n’y avait que la télé en noir et blanc, je n’ai jamais su qu’il y avait une “petite fille à peau bleue” !!!
Ma seule vraie remarque est une question (qui n’appelle pas vraiment de réponse) : quel guignol ignard et inculte peut-il réellement reprocher à Yoko de faire de la philosophie ? Non seulement c’est la culture japonaise (pour le peu que j’en connais) et ce peuple dépasse toujours le côté matérialiste, me semble-t-il (même s’ils sont “excellent” dans ce domaine aussi), mais aussi c’est une des richesses du personnage. Pas de sentiments, pas de philo, que de l’aventure, que reste-t-il de Yoko ? Plus rien d’intéressant, oserais-je dire. On retrouverai un Buck Danny (dont je suis fan), dont la seule émotion est, environ deux ou trois fois par album “cette fois, c’est la fin, je vais mourir”.
frac (suite après)
Toute se vie, l’homme perd sa santé à faire de l’argent et par la suite perd tout son argent pour essayer de la recouvrer…
frac
(Suite du commentaire précédent)
Il ne faut pas non plus exagérer, un album de Yoko n’est pas une oeuvre de Nietzsche (excusez les fautes dans son nom…), heureusement ! Ceux que ça pourrait gêner n’ont qu’à lire du Michel Vaillant .
Dernière chose que j’ai appréciée, cette phrase : “Il y a moyen de faire de la SF [et de l’aventure quelle qu’elle soit, NDA] sans avoir des gens qui font la guerre”. Bravo, seulement ce n’est pas très populaire parce que c’est tellement plus de travail de recherche d’un scénario qui tienne la route !!!
frac